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Portrait de François Boudier, DGS de Dieppe

Mercredi 19 octobre 2016
Dieppe

Issu de la méritocratie républicaine, François Boudier, ancien jardinier, a acquis ses galons de dirigeant territorial à force d’études et de volonté. Passionné par l’action collaborative et la notion de bonheur au travail, le DGS de Dieppe, nommé en 2014, a entrepris un projet ambitieux de réorganisation des services de la ville.

Mon parcours professionnel

« C’est un parcours qui sort des normes ! Entré dans la fonction publique en 1979 en tant que jardinier avec un BEP, j’ai passé un à un tous les concours de la fonction publique dans la filière technique jusqu’à atteindre le grade d’ingénieur. J’étais passionné par les espaces verts mais, dans le même temps, je me projetais dans des postes à responsabilité plutôt que d’exécution. J’étais pleinement conscient que j’allais changer de métier. J’ai alors consolidé ma carrière au fil du temps en suivant des formations dans les domaines administratif, juridique, RH, organisationnel.

J’ai obtenu mon premier poste de directeur des services techniques et d’urbanisme en 2000, dans une collectivité de 7000 habitants membre de l’agglomération de Cergy-Pontoise (Val d’Oise). Aussi ai-je rapidement été amené à collaborer avec l’ensemble des cadres territoriaux, et l’aspect purement technique de ma fonction a été dépassé. Avec les DG de l’agglomération, nous nous sommes penchés sur des questions organisationnelles qui ne pouvaient se concevoir sans transversalité. Après les élections municipales de 2001, la DGS de ma collectivité a quitté son poste. J’ai alors rempli des fonctions administratives pendant 8 mois, le temps de son remplacement, ce qui m’a conforté dans ma volonté d’effectuer des missions plus généralistes.

Les postes que j’ai occupés par la suite dans les Yvelines, tout d’abord à Triel-sur-Seine (12 000 habitants) puis à Achères (19 000 habitants), toujours aux mêmes fonctions, m’ont amené à développer des démarches de réflexion et d’organisation des services qui allaient bien au-delà de l’aspect technique. En  2009, après avoir rempli les fonctions de DGA sur le pôle des techniques pendant deux ans, j’ai été nommé DGS de la ville d’Achères. Enfin, c’est en 2014 que j’ai été recruté à la direction générale des services de Dieppe. Cela m’est apparu comme un retour aux origines car je suis né en Seine-Maritime. Et il s’agissait pour moi d’un challenge intéressant d’atteindre la strate des collectivités de 40 000 à 80 000 habitants.
 

La fonction de DGS

Adepte du travail collaboratif, je construis mon approche managériale sans considérer que je possède toutes les expertises. Mon rôle de DGS est d’animer, de piloter, de soutenir. Je possède une vision généraliste, j’en fais même un point d’honneur ! Je délègue pour mieux accompagner les agents, y compris sur les fonctions techniques, chacun doit trouver sa place.

Au quotidien, j’apprécie la variété d’actions et la diversité du poste, même si je regrette parfois de ne pouvoir approfondir alors que les événements viennent percuter en continu mon agenda. J’apprécie par ailleurs de travailler avec une équipe municipale de proximité, et de me sentir tout à la fois proche du centre de décision et des attentes du citoyen. Dieppe est une ville de contraste, s’y côtoient des milieux populaires et aisés. Nous devons apprendre à composer avec des populations non lisses et à satisfaire tout le monde, y compris les touristes, en grand nombre durant la période estivale et les week-ends, tout au long de l'année.
 

Notre action

Je suis très attaché à améliorer le quotidien des collaborateurs. J’ai engagé à Dieppe une réorganisation complète des services avec une refonte de l’organigramme. L’ancien dispositif, à caractéristique bicéphale, qui partageait les décisions entre la direction des services et la direction du cabinet, a pu créer dans le temps de l’incompréhension chez les agents, quelques flottements dans le fonctionnement des services par un manque de lisibilité, source de mal-être au travail. Aujourd’hui la direction générale est à nouveau partie prenante de l’ensemble des actions. Plus l’organisation est lisible, plus les gens se sentent clairvoyants dans la façon dont ils peuvent se positionner puis évoluer. Les organisations complexes créent des tensions et de la souffrance au travail.

De même, les gens sous-employés peuvent connaître des problèmes psychologiques. En province, on trouve des bassins de vie restreints, très locaux, qui engendrent peu de mobilité pour les personnels. Comment faire évoluer les gens au sein d’une même collectivité sans qu’ils se sentent démotivés ? J’essaie d’utiliser les leviers de la formation et de réfléchir sur les compétences plutôt que sur les fonctions. J’ai toujours estimé que l’on devait changer plusieurs fois de métiers dans sa vie. J’ai profité de la formation tout au long de ma carrière, pour évoluer personnellement mais aussi pour faire profiter les collectivités de mon expertise. Dès lors, je sais que les formations rendent les gens en capacité de changer totalement de secteur d’activité. Cela recrée du dynamisme, du sens et de la motivation. 

Fort de ces convictions, je travaille sur le projet de service et les bilans d’activité en montant avec le CNFPT un plan de formation pour l’ensemble des cadres qui, une fois le travail consolidé, pourra être décliné auprès des personnels d’exécution. Je négocie avec le CNFPT un contrat qui soit un vrai accompagnement sur la durée.  C’est également intéressant pour l’établissement de porter ce projet atypique, qui sort du cadre de la formation managériale pure. Nous allons bâtir ensemble. Revisiter toutes les fiches de poste, reconstruire tous les organigrammes. Ce projet collectif et partagé, qui est ma troisième expérience de réorganisation de services, me passionne ! »

Propos recueillis par Sophie Périès